Comment
interprétez-vous la décision du
président brésilien?
Cette décision gravissime traduit
avant tout la proximité idéologique
entre le président Lula et
Cesare Battisti. Il faut se
souvenir que les deux hommes ont en
commun d'avoir été des activistes de
gauche. Nous retrouvons chez Lula la
sympathie qu'affichait à une époque
l'intelligentsia française pour cet
homme accusé d'avoir participé,
directement ou indirectement, à
quatre homicides. Ces gens-là
prétendent que l'Italie des années
70 n'était pas une démocratie mais
un pays digne du
Chili de Pinochet. C'est faux,
bien sûr, même la gauche italienne
le reconnaît aujourd'hui. Les
suspects n'étaient pas jugés dans
des stades mais dans des tribunaux
qui respectaient leurs droits.
Est-ce une
défaite pour la diplomatie?
Absolument. Qu'ils soient de
droite ou de gauche, les
gouvernements successifs de notre
pays ne se sont pas occupés de cette
affaire. L'unanimité droite-gauche
affichée au niveau parlementaire sur
le cas Battisti n'a pas été suivie
d'effets au niveau diplomatique. Les
intérêts politiques et commerciaux
l'ont emporté. N'oubliez pas que l'Italie
est le deuxième partenaire
commercial européen du Brésil.
Votre
association n'a-t-elle pas, elle
aussi, une orientation politique?
Aucunement. Nous ne sommes ni
dans un camp ni dans un autre et
nous n'agissons pas par esprit de
vengeance. Les familles des victimes
du groupe terroriste de Battisti
sont toutes membres de notre
association. Elles veulent s'en
tenir aux décisions de la justice de
notre pays. Et cette justice a
condamné Battisti. Encore une fois,
l'Italie n'est pas le Chili de
Pinochet!